mercredi 9 mars 2016

Mon voyage en Amérique, de Blaise Cendrars


Encore jeune et inconnu mais déjà aventurier, Frédéric Sauser alias Blaise Cendrars quitte Saint-Pétersbourg, où il a vécu, pour New York à bord d'un bateau. C'est l'occasion pour lui de sortir cahiers et crayons et de se laisser aller à l'inspiration que lui apporte l'immensité de l'océan et la longueur des jours.

Dans ce texte, on y découvre un jeune auteur sombre, solitaire et intransigeant, que la foule humaine dégoûte, que la cohabitation débecte. Dans cette traversée de l'Atlantique, ses vrais compagnons s'appellent GoetheNerval et Rémy de Gourmont. Ses principales préoccupations? Résister au mal de mer, écrire, s'efforcer d'être fort et courageux auprès de Féla qui l'attend à New York...
Ce texte préfigure la naissance de Blaise Cendrars - la braise et la cendre, le phénix - et de son premier grand poème, Les Pâques. 
Le poème qui clôt le livre, le Volturno, du nom du bateau qui le ramène à "l'Europe pourrie" de 1911, était inédit jusqu'alors. 
éditions Fata Morgana
Mon Voyage en Amérique est un beau livre illustré par Pierre Alechinsky, peintre et graveur qui a illustré d'autres recueils des éditions Fata Morgana
J'ai aimé le livre en tant qu'objet, ainsi que de découvrir Blaise Cendrars jeune, ambitieux et beaucoup plus fermé qu'il ne l'a été par la suite, mais déjà grand écrivain et observateur né.



L'aspect si sévère de l'océan, que je compare toujours à des vagues pétrifiées, à une monstrueuse étendue de granit, où traînent des brumes et de la pluie d'écume; ce rythme éternel, simple, jusque dans sa plus effroyable horreur, jamais démonté, sauf si un obstacle inattendu (bateau, roc) l'énerve; cette ligne précise de l'horizon qui vous encercle; ce ciel immense de lueurs, de blancheurs de d'éclats; ces nuages qui, comme des continents en voyage, rôdent; tout ceci et tout cela, plus encore l'absolu tout, l'unité, la confondation insensible de ce ciel et de cette mer, élève l'esprit à une telle potence exceptionnelle de contemplation, que l'âme doit être aussi ardente que le soleil pour parcourir seule, sans frissons, la sphéroïdité de son quotidien cours pour ne pas défaillir au méridien.

2 commentaires:

Oncle Dan a dit…

Beau blog, bien construit, qui invite à la découverte. Bravo !

Myrthe a dit…

Oups, merci Oncle Dan!