jeudi 26 février 2015

America suivi de En Orient, de William Cliff

 Comment tout d'abord ne pas penser à Blaise Cendrars et à ses poèmes, quand on lit ce recueil de William Cliff?
Ce poète belge contemporain voyage un crayon et un carnet à la main, que ce soit en bateau, en bus ou en train, bercé par le roulis des vagues, secoué par les routes de montagne.
Le livre se décompose en deux parties, comme l'indique le titre. Deux voyages, deux expériences.
Les poèmes de la première partie sont d'ailleurs plutôt répétitifs, monotones, réguliers, lents, à l'instar de ce voyage en bateau avant la découverte de la côte sud-américaine.
La deuxième partie est plus dense et plus animée, le rythme est plus saccadé, et on y devine l'atmosphère chargée, surpeuplée du Pakistan.
William Cliff porte un regard ouvert mais surtout dénué de préjugé sur les personnes qu'il croise, tout en gardant la conscience aigu de leurs différences, lui le touriste occidental, et l'autre l'autochtone, le Noir membre d'un gang, la petite bergère, le vieil homme.
Ses poèmes sont aussi une manière de détourner le quotidien du voyage en quelque chose de plus intemporel: mécanique, composition des repas, chambres d'hôtel...
J'ai aimé me laisser transporter ainsi sur différents continents et y goûter l'atmosphère, prendre de nouveau la route maritime de Belgique au Brésil, un demi-siècle après Cendrars et Au Coeur du Monde.


"There was nothing but that savage Ocean between us and Europe."


approche approche-toi monstre brutal
viens donc vomir selon ton habitude
tes filandreux rouleaux d'algue et d'écaille
en ricanant de ton rire d'écume
il me semble aujourd'hui que ton allure
se fait plus vive aurais-tu pas comme une
désir de bouffer quelque humain destin
pour te venger qu'à tes deux flancs l'on joue
à défier ta force à coups d'engins
qui te surmontent et volent sur tes joues


1 commentaire:

Lydia a dit…

J'aime beaucoup le concept d'illustrer une critique avec ses propres photos. Bravo pour ce blog !