jeudi 26 février 2015

Adèle et la Vie en Bleu

La Vie d'Adèle versus le Bleu est une Couleur Chaude. J'attendais beaucoup de l'un et l'autre, j'aime autant le cinéma que la BD et le roman graphique, alors pourquoi les opposer?
Il y a une semaine, j'ai vu le film. Hier soir, j'ai lu LE LIVRE.

Commençons par celui-là. J'aime la couverture. Cette fille sensuelle et forte, indépendante, charmeuse, que Léa Seydoux, dans le film, a su merveilleusement interpréter, jusqu'à ce regard justement. Puis j'ai ouvert le livre, et au premier regard, j'ai été déçue par ces visages, celui de Clémentine surtout, que je trouvais trop simple, pas assez expressif. Mais j'en étais encore à la sensualité exacerbée, exagérée d'Adèle dans le film, interprétée par Adèle Exarchopoulos.
Si on passe les premières pages qui révèlent d'emblée la mort de Clémentine, on parcourt avec Emma le journal qu'a tenu Clémentine à partir de ses quinze ans. Là, c'est sûr, c'est authentique. Le ton, les erreurs, les intérêts de la jeune fille, je m'y retrouve au même âge. Et puis, peu à peu, le récit prend de la profondeur, de la complexité, du drame, tout ce qu'il faut pour qu'on s'accroche et ne veuille plus quitter les deux filles, jusqu'au dénouement.
La découverte et ensuite l'apprentissage de l'homosexualité, l'étrangeté des sentiments, la beauté et la délicatesse de cette relation, la honte, l'incompréhension, la solidarité de l'ami homo - et des autres - ... Julie Maroh aborde tout cela avec beaucoup de fraîcheur, de sincérité et de respect.
Bref, ce livre m'a réconcilié avec la complexité de cette relation qui m'a pesé dans le film.
Disons-le franchement, celui-ci m'a déçue et ennuyée.
J'avais aimé d'autres oeuvres d'Abdellatif Kechiche, en particulier La Graine et le Mulet, et j'aime ce versant psychologique de certains films, les intrigues sans grands suspens, tout cela ne me gêne pas. Mais. Bien que belles, les scènes érotiques: too much, trop long. L'interprétation d'Adèle Exarchopoulos: itou. Sans aucun doute le désir du réalisateur qui est en cause. Mais: ce nez qui coule sans cesse, cette manie de se coiffer et décoiffer à chaque scène, ces lèvres constamment entrouvertes, ce regard vague, tout ce qui est sensé évoquer sa fragilité, son innocence mais qui finit par m'agacer prodigieusement.
Il y a également ce manque de cohérence quant aux étapes. On ne comprend pas comment elles ont pu ainsi s'installer ensemble après avoir menti aux parents d'Adèle sur leur relation, ni pourquoi Adèle se retrouve soudain enseignante alors qu'elle était étudiante en première L il y a peu... bref il y a eu trop d'invraisemblances, d'ellipses, pour un film qui dure pourtant trois heures.
Il y a, enfin, et malheureusement, cette polémique autour de l'attitude du réalisateur envers son équipe, son irrespect envers Julie Maroh qu'il n'a jamais ni recontacté ni remercié une fois les droits obtenus, cette polémique qui gâche un peu le plaisir.

Bref, résultat du match:

Le Bleu est une Couleur Chaude: 1
La Vie d'Adèle: 0

ps: voici un lien sympa vers le blog de Julie Maroh au moment où elle tentait de trouver un éditeur pour Le Bleu est une Couleur Chaude, à lire!
http://djou-bd.over-blog.com/categorie-10345749.html

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