samedi 19 septembre 2015

Danse Noire, de Nancy Huston

Ce que j'aime et qui me fascine dans les romans de Nancy Huston - et les essais - c'est l'originalité de la trame. L'intrigue n'est jamais linéaire, il y a plusieurs points de vue qui s'emmêlent, donnant une vision cubiste du thème du livre.
Ici, il y a trois parties, qui s'enchaînent systématiquement - 123, 123, 123 etc.
Neil Kerrigan, Irlandais né au début du vingtième siècle, fils de juge , Milo, son petit-fils de sang indien, abandonné par ses parents à Montréal, et Awinita, la mère de Milo, indienne accro à l'héroïne qui se prostitue pour nourrir frères et soeurs vivant dans une réserve canadienne. Trois destins liés les uns aux autres autour du personnage central, Milo, mourant, dont son amant retrace la vie en élaborant avec lui le scénario d'un film biographique.
Nancy Huston ne se contente jamais du plus simple. Angles de vue variés, relations familiales complexes, introspection, et points de vue artistiques sont ses chevaux de bataille.
Ici le regard froid d'une future caméra se confronte à l'amour que porte son amant à Milo, choisissant dans le passé de celui-ci ce qui en a fait l'homme qu'il est, passif, fascinant, plongé dans des moments de noirceur absolue, généreux.
Nancy Huston est tout sauf une écrivaine mièvre et légère, et son intransigeance ainsi que son caractère passionné se lit à chaque page. Je pense que c'est cette intransigeance et cette passion qui me rebute parfois lorsque je reprends la lecture, cette âpreté épuisante qui fait que j'apprécie moins le récit, mais j'ai aimé que ce récit se déroule en Irlande ET au Québec, et cette progression vers un présent de plus en plus proche sur trois périodes différentes. c'est une lecture à tenter, qui ne satisfera pas tout le monde. 

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