vendredi 19 juin 2015

Nikolski, de Nicolas Dickner

Un vaste continent -et son réseau de routes tour à tour maritimes, terrestres et aériennes -et l'océan. Celui qui est glacial, sauvage, celui qui rejette carcasses de baleines et naufragés. Et Nikolski, minuscule point invisible où est parti s'isoler Jonas Doucet, personnage central et absent de ce récit.
On imagine facilement trois fils invisibles qui relient Jonas Doucet à chacun de ses fils, qu'il ne verra jamais, et à sa nièce, qui lui est sans doute inconnue.
Ces trois jeunes adultes grandissent seuls, Noah et la narrateur chacun auprès d'une mère marginale, et Joyce auprès d'un père à la famille envahissante.
Chacun, pour contrecarrer l'absence du parent manquant, se raccroche à des symboles: une boussole indiquant Nikolski, des cartes routières, un livre sans couverture, ou encore l'histoire de la famille, descendant de pirates célèbres.
Nicolas Nikolski est très fort pour représenter ces existences presque fantomatiques, errantes. Les personnages me rappellent beaucoup ceux de Paul Auster, en particulier Marco Stanley Fogg dans Moon Palace, et j'ai aimé l'atmosphère sauvage, odorante, humide qui se dégage du roman; j'ai longtemps, aussi, attendu le moment des rencontres des personnages, suite logique de cette histoire...
L'ayant fini, je peux dire maintenant que je reste sur ma faim. Tellement d'intrigues s'ébauchent, tellement de voies sont possibles, qui, finalement, disparaissent dans un horizon trop brumeux pour qu'on les suive. Dickner a bien sûr voulu rompre avec l'intrigue classique que présageait ce récit; pour lui, sans aucun doute, l'homme n'est pas maître de son destin et sa vie est insignifiante. La construction et la fin de ce roman le rend spécial.
J'ai moins aimé le procédé trop systématique de terminer chaque chapitre sur un élément révélateur, un revirement de situation, mais l'écriture n'en reste pas moins belle et originale dans son ensemble.
Je ne sais pas encore, en fait, si j'ai vraiment aimé ou non!

2 commentaires:

Moglug a dit…

L'accroche me donne bien envie de le lire... mais si le roman n'est pas abouti, j'ai peur d'être frustrée. Et puis un revirement de situation systématiquement à chaque chapitre, ça n'a peut-être plus tellement de sens.

Myrthe a dit…

Oh si, je te le conseille, ces fins de chapitre ne représentent pas grand chose quant au reste du récit, et ce roman a quand même de nombreuses qualités!