mardi 26 avril 2016

Les Ferrailleurs, tome 1 Le Château, d'Edward Carey

Dépaysement total, imagination débridée dès les premières pages!
Le jeune Clod vit avec sa noble famille, les Ferrayor, dans un château construit sur une décharge, dont ils vivent. Dans les soubassements travaillent les Ferrailleurs, chargés au risque d'être englouti par cet océan de déchets, de récupérer des objets exploitables. L'intrigue se passe en pleine industrialisation anglaise, au 19ème siècle.

Les Ferrayor possèdent chacun un objet de naissance qu'ils ne doivent perdre à aucun prix: une bonde pour Clod, une poignée de porte pour tante Rosamud - par qui tout commença. Mais Clod est un enfant particulier: il entend les objets qui répètent, sans arrêt, leur nom. La bonde de Clod s'appelle James Henry Hayward.

Le jour où la poignée de porte de tante Rosamud disparaît, une jeune orpheline, qui a vu ses parents se prétrifier, arrive au château pour y travailler. Elle s'appelle Lucy Pennant, et très vite, Clod la préfère à Pinalippy à qui il est promis. C'est aussi le jour que les objets ont choisi pour se révolter...

J'aimerais vivement vous conseiller ce premier tome à l'esprit gothique dont certains passages sont d'une grande beauté lyrique: l'océan d'ordures qui se déchaîne, le Rassemblement d'objets, le château lui-même et tous ses personnages aussi étranges les uns que les autres, MAIS... Soyez conscients que votre vie ne sera plus jamais la même.
Je ne dors plus depuis que j'ai compris que mon matelas - Mathieu Leroy - me donnait sournoisement des coups dans le dos la nuit, que ma bouilloire s'approche subrepticement de ma main lorsqu'elle brûlante - elle s'appelle Louise Monger - que mes clés, enfin, - Lucio et Monica Ruiz - se glissent subrepticement au fond de mon sac à main - Michelle - dès que je suis en retard. Je dois bien avouer, depuis que j'ai commencé ce livre, d'étranges phénomènes ont lieu autour de moi et je pense que ce livre est maléfique... je vous aurai mis en garde!

Je remercie vivement, et malgré tout, Babelio et le Livre de Poche pour ce beau roman illustré. 


P.S: le site d'Edward Carey vaut le coup d'oeil: vous y trouverez le plan du château et un descriptif de ses habitants mais aussi VOTRE objet de naissance! 



dimanche 10 avril 2016

Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse, de Louise Erdrich


Ce roman relate presque tout un siècle dans une réserve indienne qui accueille, en 1912, le Père Damien venu remplacer son prédécesseur.
Le Père Damien tiendra compte au Pape des événements et des difficultés qu'il rencontrera toutes ces années dans cette réserve où cohabitent plusieurs familles ennemies. Mais ce qu'il cachera jusqu'à la fin - et que nous savons, nous - c'est qu'il n'est autre qu'Agnès, une jeune soeur qui aura eu son lot de péripéties avant de se retrouver dans la peau de ce jeune Père. C'est ainsi que de 1912 jusqu'en 1996, année où nous le retrouvons entre toutes les digressions autour des différents membres de la tribu des Ojibwes, Agnès camouflera sa véritable identité jusqu'à ne plus vraiment la posséder.
C'est lors de la venue du Père Jude, venu enquêter sur la possible sainteté de soeur Leopolda, que toute l'histoire des familles Kashpaw, Nanapush, Puyat, Morrissey et Lazare se racontera au fil des années. 

Famille Ojibwe
Louise Erdrich y aborde bien sûr les cultures et religions ancestrales et l'impact des missionnaires venus apporter le catholicisme, les enfants arrachés à leur famille et envoyés dans des internats censés les civiliser, la pauvreté et l'alcool, les terres volées par les Blancs à des hommes qui n'ont pas la notion de propriété; Le surnaturel, les esprits se mêlent intimement à la vie de ceux qui restent, les soutenant les attirant parfois auprès d'eux.
J'ai énormément aimé ce livre de Louise Erdrich, le premier pour moi et pas le plus encensé, je pense du coup bientôt continuer avec d'autres plus connus, espérant y trouver la même passion.

samedi 9 avril 2016

Art Brut, de la revue Dada

 J'adore!

Dada est une revue d'art destinée aux enfants et ados. Les textes sont courts, les oeuvres choisies en fonction - j'ai cherché par exemple d'autres oeuvres d'Henry Darger et elles sont nettement plus violentes! 
Henry Darger

Dans cette revue sur l'Art Brut, un bon nombre d'artistes sont représentés, toujours à travers une oeuvre représentative et une explication détaillée de l'artiste et de sa création. Les textes sont intelligents, intéressants et sérieux, suffisamment pour intéresser un enfant (à partir de 9-10 ans) ou un adulte et largement donner envie d'en savoir plus sur chacun d'eux, ce que j'ai fait tout au long de ma lecture!

Et puis, je pense que choisir le thème de l'art brut est un sacré risque, puisque l'art brut, en plus d'être très très diversifié, est conçu par des personnes qui ne se conçoivent pas artistes ou du moins qui n'ont pas pour motivation de vendre ou faire connaître leurs oeuvres.
Eijiro Miyama, hallesaintpierre.org
Fous, originaux, solitaires, malades mentaux... tous ont en commun un imaginaire omniprésent, obsédant auquel ils donnent vie à partir de tout ce qui peut leur servir; mie de pain, lainage, ficelles, boîtes de conserve, stylos bic, dent animale, peinture ripolin, théière ébréchée et j'en passe. En les découvrant à travers cette revue, on comprend à quel point ces créations sont bien souvent des nécessités vitales, mentales, des obsessions, entre rêves d'enfant et traumatismes.

Certaines de ses oeuvres sont exposées, visitées, telles que le palais de Joseph Ferdinand Cheval, les Tours de Watts de Simon Rodia, mais d'autres sont éphémères, comme les déguisements que porte Eijiro Miyama dans la rue - avez-vous vu ses boucles d'oreilles -poissons rouges?- ou les cabanes de Richard Greaves.
le palais de Cheval
Beaucoup de ces créations m'ont émue, de part leur histoire mais aussi par le travail, la délicatesse et l'imagination qu'il a fallu pour les accomplir.
Enfin, même si mes enfants sont encore trop jeunes pour lire la revue, ils l'ont tous les deux feuilleté avec intérêt et curiosité, au point que mon fils nous a expressément demandé de laisser dorénavant la poubelle de recyclage dans sa chambre (en vue de futures oeuvres). Mmh... à voir!

 Je remercie encore une fois Babelio et surtout la revue Dada non seulement pour ce cadeau mais surtout pour leur travail!