Je m'approchai un peu.
C'était un vieil homme aux cheveux hirsutes, à la barbe grisonnante, qui débitait du bois. La sueur coulait en petites gouttes sur ses bras, imprégnait son maillot de corps. Son geste était mécanique. Il posait la bûche, abattait la hache. Tchac. Tchac. Tchac.
"Hé monsieur, dites...
Je tendis le bras, sans conviction, pour qu'il me regarde, mais il ne répondit pas.
Au-delà des barbelés, une plaine aride, jaune, s'étendait jusqu'aux premiers bourrelets de la montagne.
Tchac. Tchac.
-Ohé, hé monsieur, s'il vous plaît...
Cette fois-ci, il pencha imperceptiblement la tête et une lueur étincela très brièvement dans l'oeil qu'il tourna vers moi.
Je patientai, guettai un mouvement, un grognement. Je fis quelques pas le long des barbelés. Il n'y avait aucun passage visible, pas de portail ni de système d'enclenchement, rien qui permît de passer de l'autre côté, rien d'autre que cette clôture qui s'étendait à perte de vue, le cabanon et le vieux.
-Monsieur, s'il vous plaît...
Cette fois-ci, impatient, je m'approchai davantage puis m'arrêtai face à lui. Il leva la tête un instant puis tchac. Tchac. Tchac.
-Y'a rien ici. Trouverez rien ici. Faut aller par là.
Il désigna l'ouest d'un coup de menton.
-Où? A quelle distance, hein?
Il prit une longue bûche et se remit à débiter. Je m'éloignai, scrutai l'ouest qui fuyait au loin, puis revins vers le vieux.
-Et vous, qu'est-ce que vous faites ici? Y'a rien ici!
Il ne répondit pas. Je me frottai la joue, désemparé, épuisé par ces journées de marche, la gorge serré.
-Dans la baraque, dans l'coin; vous trouverez la jarre d'eau. L'est plus très fraîche mais faut pas trop en d'mander.
J'éprouvai soudain une soif intense, un besoin intenable de sentir l'eau couler sur ma langue, glisser dans mon estomac. j'entrai dans la baraque sombre, attendis que mes yeux s'habituent à l'obscurité, et pris la jarre dont je bus l'eau à même le goulot. Je versai l'eau sur mon front, mes joues et peut-être même que je pleurais tandis que l'eau dégoulinait de mes cheveux et mouillait mes joues.
Le vieux m'observait. Puis, il vint s'asseoir près de moi et attendit que je me calme.
-C'est quoi que tu cherches? Là-bas, de l'autre côté, c'est exactement pareil."
Atelier d'écriture Les Mots à la Pelle: Frontières
C'était un vieil homme aux cheveux hirsutes, à la barbe grisonnante, qui débitait du bois. La sueur coulait en petites gouttes sur ses bras, imprégnait son maillot de corps. Son geste était mécanique. Il posait la bûche, abattait la hache. Tchac. Tchac. Tchac.
"Hé monsieur, dites...
Je tendis le bras, sans conviction, pour qu'il me regarde, mais il ne répondit pas.
Au-delà des barbelés, une plaine aride, jaune, s'étendait jusqu'aux premiers bourrelets de la montagne.
Tchac. Tchac.
-Ohé, hé monsieur, s'il vous plaît...
Cette fois-ci, il pencha imperceptiblement la tête et une lueur étincela très brièvement dans l'oeil qu'il tourna vers moi.
Je patientai, guettai un mouvement, un grognement. Je fis quelques pas le long des barbelés. Il n'y avait aucun passage visible, pas de portail ni de système d'enclenchement, rien qui permît de passer de l'autre côté, rien d'autre que cette clôture qui s'étendait à perte de vue, le cabanon et le vieux.
-Monsieur, s'il vous plaît...
Cette fois-ci, impatient, je m'approchai davantage puis m'arrêtai face à lui. Il leva la tête un instant puis tchac. Tchac. Tchac.
-Y'a rien ici. Trouverez rien ici. Faut aller par là.
Il désigna l'ouest d'un coup de menton.
-Où? A quelle distance, hein?
Il prit une longue bûche et se remit à débiter. Je m'éloignai, scrutai l'ouest qui fuyait au loin, puis revins vers le vieux.
-Et vous, qu'est-ce que vous faites ici? Y'a rien ici!
Il ne répondit pas. Je me frottai la joue, désemparé, épuisé par ces journées de marche, la gorge serré.
-Dans la baraque, dans l'coin; vous trouverez la jarre d'eau. L'est plus très fraîche mais faut pas trop en d'mander.
J'éprouvai soudain une soif intense, un besoin intenable de sentir l'eau couler sur ma langue, glisser dans mon estomac. j'entrai dans la baraque sombre, attendis que mes yeux s'habituent à l'obscurité, et pris la jarre dont je bus l'eau à même le goulot. Je versai l'eau sur mon front, mes joues et peut-être même que je pleurais tandis que l'eau dégoulinait de mes cheveux et mouillait mes joues.
Le vieux m'observait. Puis, il vint s'asseoir près de moi et attendit que je me calme.
-C'est quoi que tu cherches? Là-bas, de l'autre côté, c'est exactement pareil."
Atelier d'écriture Les Mots à la Pelle: Frontières
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